Trouver tous les prétextes pour retarder son rendez-vous, s'évanouir dès la salle d'attente, transpirer à la seule vue du fauteuil-de-torture, avoir la nausée à la seule odeur giroflée du cabinet, se contorsionner avant même d'avoir ouvert la bouche, gémir au seul contact du jet d'eau, s'enfuir à toutes dents avant la piqûre d'anesthésiant...
Le tableau est vif mais pas si éloigné de certains aspects de cette peur du dentiste qui colle aux enfants et aux plus grands comme un carambar englué dans les élastiques d'un appareil dentaire.
De l'anxiété à la véritable phobie, son impact n'est pas anod(ont)in : la bouche est une porte d'entrée de la santé - d'où elle peut également s'échapper...
il faut dire que la bouche est l'une des parties les plus fonctionnelles et les plus émotionnelles de notre corps : manger etboire, parler, embrasser, sourire, grogner...
Les chemins de la dentisterie et de l'hypnose sont liés : James Esdaile, chirurgien écossais en poste à Calcutta, a pratiqué près de 300 opérations (dont des amputations et des tumeurs parasitaires) à l'aide de transes profondes (𝘌𝘴𝘥𝘢𝘪𝘭𝘦'𝘴 𝘴𝘵𝘢𝘵𝘦).
Mais nul besoin d'induire un coma hypnotique pour tout détartrage.
L'hypnodontie cible d'abord le versant anxieux de la phobie dentaire. Une peur souvent d'anticipation, liée aux attentes, aux représentations, aux expériences vécues ou partagées.
Un cabinet dentaire (et tout lieu de soin classique d'ailleurs) est un nid d'ancres potentiellement négatives : la décoration de la salle d'attente au fauteuil-de-torture.
Et cette fameuse odeur de clou de girofle (et de l'eugénol qu'il contient) , pourtant bon signe puisque gage d'une anesthésie salvatrice à venir - et que l'on peut soi-même utiliser en cas de bobo du quotidien - en attendant son rendez-vous.
( Certains cabinets utilisent maintenant des produits inodores pour éviter de chatouiller le nez émotionnel de leurs patients anxieux. )
Plusieurs approches sont possibles et combinables :
~ diminuer l'anxiété par l'évasion dans une rêverie personnalisée (dissociation)
~ ne plus sentir une partie de son corps (anesthésie)
~ sentir une sensation de froid, d'entonnement ou de chaud aux points sensibles (analgésie)
~ réinterpréter ou mettre la douleur en perspective
L'hypnodontie s'est fait une place très appréciée dans les cabinets dentaires, non sans raisons.
La pratique est facile (après une bonne formation) et rapide : quelques secondes ou minutes pour des gestes légers, une quinzaine de minutes pour des chirurgies maxillo-faciales)
Pendant le geste : moins de flux salivaire, pas de réflexe nausées, moins de saignements (intéressant pour les patients sous anticoagulants)
Les économies sont réelles concernant le budget alloué aux anesthésiants, aux sédatifs, et aux anti-douleurs
Les gains sont réels en termes temporels (20% de temps en moins à gérer l'anxiété ...)
Le confort du praticien qui opère plus détendu et donc potentiellement mieux et plus rapidement qu'avec une bouche et un corps contorsionné sous ses gants
Du côté des patients :
~ un « trauma » de moins ...
~ une meilleure cicatrisation
~ moins de douleurs après une intervention
~ un tremplin vers la gestion globale de la douleur, (oro-maxillo-faciales et toutes les autres) par l'auto-hypnose
~ une piste pour soigner le bruxisme (via l'apprentissage par le corps d'une autre réaction à la tension musculaire)
~ une piste pour arrêter de sucer son pouce ou ses ongles, ou les deux
Des chirurgiens-dentistes ont même observé des phobies renversées : quand la visite au cabinet devient le seul moment de détente dans la vie de leurs patients, une sorte de pause dans le flot de contraintes et d'exigences du quotidien.
Un peu comme le scialytique, cet appareillage d'éclairage des salles opératoires, apporte une lumière qui supprime les ombres portées.
Peut-être une dent de sagesse à conserver ...
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