Respirer, c'est important. Vital. Tout le monde le sait.
Respirer, c'est s'oxygéner à l'inspiration : apporter de l'oxygène au sang via les poumons qui le transfèrent au coeur qui lui-même le pompe vers tout le corps.
Respirer, c'est aussi éliminer à l'expiration le CO2, l'un des « déchets » produits par les cellules de l'organisme.
Ce que l'on sait moins et que la recherche dévoile de plus en plus, ce sont les liens entre la respiration et l'activité de notre cerveau.
Les méditants et les apnéistes le savent bien.
Désormais, on commence à comprendre comment.
Des chercheurs allemands ont découvert que la respiration module directement les ondes cérébrales.
Notamment la gamme des ondes beta, qui correspondent à notre état d'attention dans les tâches et les pensées de la vie quotidienne.
Mais aussi les ondes gamma, observées en cas de grande activité - les processus créatifs, la résolution de problèmes... et burn-out.
En respirant, l'air qui chatouille les narines vient aussi chatouiller des récepteurs mécaniques.
De là naît une lente oscillation des neurones vers le bulbe olfactif puis se propage dans de nombreuses zones du cerveau.
Le mouvement même de respirer, qui met en jeu le diaphragme notamment, active aussi les neurones du cervelet, ce grand QG méconnu de l'apprentissage ( il n'y a pas que l'hippocampe dans la vie), au carrefour de nombreuses connexions avec une multitude d'aires cérébrales.
Un skieur ou un coureur automobile planifiant mentalement sa course,
La voix intérieure qui nous dit "Où dois-je appuyer ?" devant un panel de boutons inconnu
L'ajustement du tir au billard,
La tâche d'additionner rapidement 1+3 en évaluant la "distance" entre les deux chiffres,
Le fait de déduire une chute entre l'image d'un homme debout puis celle d'un homme à terre,
Un patient atteint de syndrome cérébelleux souvent à bout de souffle avant même de pouvoir parler ou bouger,
À chaque instant, les oscillations lentes de la respiration sont couplées aux oscillations plus rapides dans quasiment l'ensemble du cerveau.
Mémoire, émotions, gestes, posture, introspection, anticipation de l'avenir, attention, saillance (ce qui émerge à la conscience parmi les plus milliards de milliards d'informations reçues en permanence par l'organisme, du monde extérieur et de notre propre corps)...
Chez l'humain comme chez l'(autre) animal, la respiration est donc une véritable horloge globale rythmant l'excitabilité des neurones.
Qu'en est-il pour l'hypnose ?
Concernant les ondes cérébrales, on note une augmentation assez nette de l'activité theta qui correspond à cet état vécu juste avant de s'endormir (hypnagogique) et pendant les rêves.
Concernant la respiration, c'est une rampe de lancement, ou un premier sas vers l'état d'hypnose.
Se focaliser sur sa respiration, en la rendant plus ample, plus profonde, produit un état d'apaisement et d'absorption, désamorce l'état naturel d'hyper-vigilance, autant de prémices propices à l'entrée en état d'hypnose.
Un (bon) praticien en hypnose vous parlera également en synchronisation avec votre respiration, calant ses mots sur l'inspiration ou sur l'expiration pour amplifier l'effet de certaines sensations.
L'hypnose est aussi le moyen d'apprendre, en le vivant, à respirer plus profondément et donc à se relaxer.
Un outil très utile pour des personnes en état de tension permanente ou récurrente - stress, anxiété, métier à risque ...
Aussi bien pour accorder des pauses récupératrices à l'organisme que pour optimiser leur fonctionnement cérébral.
Il y a peut-être là un paradigme à souffler.
Du 𝐶𝑜𝑔𝑖𝑡𝑜, 𝑒𝑟𝑔𝑜 𝑠𝑢𝑚
au 𝑅𝑒𝑠𝑝𝑖𝑟𝑜, 𝑒𝑟𝑔𝑜 𝑠𝑢𝑚.
Comments