Il était une fois 𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴.
𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 avait le pouvoir de s’infiltrer dans le corps-esprit des humains.
Une fois à l’intérieur, en fonction de l’humain habité, il pouvait créer toute une panoplie de liens très forts à certaines substances ou à certains comportements.
Cigarette qui font rire et/ou qui détendent, alcools qui rassemblent, distractions qui déréalisent, aliments qui rassurent, séductions qui sexualisent, breuvages qui excitent, relations qui suffoquent, substances qui anesthésient, paris qui endettent…
𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 était très malin : il construisait chaque lien en partant d’un plaisir pour se transformer progressivement ( parfois très rapidement et très fortement ) en besoin impérieux pour apaiser l'humain infiltré de raviver ce lien ( de plus en plus souvent ). De sorte que l’humain n’y voie que du feu, jusqu’à ne sentir que du feu.
Il faut dire qu’𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 savait y faire : il détournait à merveille les circuits du désir/plaisir, tous ces chemins physiologiques de renforcement positif hérités de millions d’années. Toutes ces réponses du corps qui orientaient les humains vers « ce qui était vraiment bon pour eux » - se désoiffer ( d’eau … ), se nourrir ( de denrées qui poussent depuis la terre et gambadent à l’air ou à l'eau libres ), se blottir ensemble sous un toit pour se réchauffer, se raconter des histoires autour du feu pour semer des rêves et récolter du sens, se reposer ( et re-rêver ), se rapprocher encore pour créer de nouvelles histoires…
𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 profitait de ce que beaucoup d’humains avaient perdu en route, ces fondamentaux devenus désuets face à d’obscurs objets de désir et de plaisir. Il surfait sur le vide circulant chez beaucoup de ces humains qui ne savaient plus comment satisfaire leurs élans nécessaires de liberté, d’apaisement, de partage avec les autres, de cohérence ou d’alignement avec eux-mêmes.
𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 était extrêmement jaloux et possessif : le lien de dépendance qu’il tissait avec un humain devenait si étroit qu’il contribuait à dissoudre tous les liens de cet humain avec les autres. Une position bien inconfortable à l’origine de nombreuses souffrances - les nouvelles en plus de celles passées.
𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 était un peu comme un prêteur sur gage.
Les humains lui donnaient leur corps-esprit en gage en échange d’un apaisement temporaire d’une peur ou d’une fuite.
Sauf que les humains à qui il prêtait finissaient par croire qu’ils ne pourraient jamais rembourser leur prêt. Certains pensaient même qu’ils le méritaient - il aimait particulièrement ces humains-là.
Pourtant, 𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 ne gagnait pas toujours.
Certains humains reprenaient un peu de leur liberté en s’accompagnant de médicaments et d’autres humains, pour les aider à reprendre le contrôle en étouffant leurs mauvais désirs par la force de la volonté et/ou des médicaments.
À cela, 𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 n’avait pas eu à trouver d’habile parade. Il suffisait de laisser maturer un nombre suffisant de cravings pour les faire replonger.
Là où 𝘈𝘥𝘥𝘪𝘤𝘵𝘶𝘴 devenait impuissant, c’était lorsque certains humains suivaient une autre idée : se sevrer non pas pour couper des liens mais pour en créer de nouveaux bien plus désirables, et bien plus puissants.
Se sevrer, c’est mettre dans sa vie du « meilleur qu’avant ».
Se sevrer, c’est créer de nouvelles dépendances qui élèvent.
Se sevrer, c’est retrouver la dépendance fondamentale chez les humains : le lien qui les unit et les relèvent.
Sous hypnose, on peut :
~ matérialiser les liens ( en symboles, en personnalité, en sons, en sensations … ) pour les retisser,
~ explorer les manques, les peurs, les fuites pour les ajuster,
~ décortiquer chaque aspect contextuel de la dépendance pour les éclairer,
~ découvrir, renforcer, pérenniser de nouveaux chemins de désir et de plaisir pour se transformer.
~ se raconter d’autres histoires sur soi et sur les autres pour transformer … le monde ?
𝘈𝘤𝘳𝘢𝘴𝘪𝘦 : 𝘢𝘨𝘪𝘳 𝘢̀ 𝘭’𝘦𝘯𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘰𝘯 𝘮𝘦𝘪𝘭𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘫𝘶𝘨𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵.
Contre l’acrasie, les liens vibrants vers les humains qui nous font vraiment du bien et vers tout ce que l’on désire vraiment valent plus que toutes les ecstasy.
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