Hypnose & confusion : une seiche leçon ?

Les seiches sont des animaux assez fascinants.

Une menace, un stress ? *𝑃𝑜𝑜𝑓*

Un jet d'encre brun-rouge suffit à ces 𝑆𝑒𝑝𝑖𝑖𝑑𝑎𝑒 pour produire un brouillage flash de leurs parages immédiats.

Colorant de manière quasi-mystique les spaghettis des pêcheurs siciliens, soucieux de ne rien gaspiller de leurs prises, le sépia n’est pas la seule corde-couleur à l'arc-survie de ces animaux à dix podes.

𝑆𝑒𝑝𝑖𝑎 𝑙𝑎𝑡𝑖𝑚𝑎𝑛𝑢𝑠, la seiche à grandes mains, s'est faite maîtresse dans l’art du camouflage de mouvement ( un type de camouflage dont le but est de faire de sa propre mobilité un levier de pour berner proies ou prédateurs ).

La voici en action.

Jusqu’ici, les spécialistes pensaient que ces 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑖𝑛𝑔 𝑠𝑡𝑟𝑖𝑝𝑒𝑠, ces rayures noires et blanches défilant de sa tête vers ses bras, étaient un moyen d’hypnotiser leurs proies ( crabes, poissons, ou crevettes ).

En fait, 𝑖𝑡’𝑠 ( 𝑚𝑜𝑟𝑒 ) 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑑.

Des chercheurs ont placé des crabes sur un tapis roulant en polystyrène lui-même suspendu sur un coussin d’air circulant pour mimer le courant marin ( vive la recherche  ).

Ils les ont ensuite exposé à différents motifs colorés puis à des seiches-en-vrai.

Résultat : les zébrures de la seiche créent un contraste de couleur qui rend les crabes confus : ils ne voient rien qui leur fasse penser à un prédateur, donc ils ne s’enfuient pas. Et la seiche peut tranquillement approcher aves ses « grandes mains ».

Ni non-vue, ni reconnue.

Voilà pour les crabes et les seiches.

Amusons-nous à tisser quelques  jets parallèles sur terre et en séance.

( En éliminant d'emblée le côté proie/prédateur : si vous vous sentez un peu dans cette position, fuyez ! En déposant une main courante en chemin si vous le pouvez, les autres proies potentielles vous diront merci ).

Il arrive que les accompagnants soient noyés sous des litres de brouillard-sépia de paroles et paroles.

C'est bien normal : nous avons tous - et heureusement - des mécanismes de protection, de masquage.

Plus ou moins présents, plus ou moins pertinents au moment présent, plus ou moins gênants.

L'un des ressorts d'un accompagnement réussi se loge ici : savoir ne pas s'y noyer, faire des pas de côté sans cherche à passer au travers, et encore moins en force.

Ayant reconnu ces écrans défensifs, les accompagnants disposent de plusieurs parades.

Peu importe si l'on prend l'encre plein pot ou non, l'essentiel réside dans le mouvement d'après.

On peut jouer franc jeu, en douceur ( et pourquoi pas avec humour ) et du même coup apaiser la part défensive reconnue ( c'est déjà une marque de respect), renforçant le lien au passage.

On peut se la jouer 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑖𝑛𝑔 𝑠𝑡𝑟𝑖𝑝𝑒𝑠 : utiliser la confusion ( et pourquoi pas avec humour ) pour dérouter l'accompagné.e et le/la sortir, même temporairement, de  son hypnose négative ( = se raconter la même histoire en boucle ).

On peut balancer en retour son propre jet sepia de défense/fuite : à ne pas faire dans l’idéal ; à moins de le repérer ( vite ) et de le poser tout de suite en séance, renforçant le lien au passage.

On peut approcher en mode camouflage, l'air de ne pas y toucher, pour distraire ce fameux « mental » ( les modes de pensées conscients ) et ouvrir la voie à d'autres processus moins conscients ( non moins importants ).

L'hypnose est après tout un art du décalage, sensoriel ( les perceptions ) et narratif ( les histoires que l'on se raconte ).

L'hypnose est aussi une forme d'artisanat qui manie aussi bien la précision de la technique que la créativité de l'adaptation.

Et parfois, nul besoin de zébrures ou de quelconques effets de manche : il existe ainsi des hypnose dites sèches, où rien n'est suggéré, où l'accompagné.e navigue seul.e dans ses fonds intérieurs ... en présence de l'accompagnant dont le job consiste à maintenir l'état d'hypnose à flot.

Le sépia pour les seiches, c'est de la survie.

Le sépia pour des artistes comme De Vinci, c'est du lavis.

Le sépia pour les pêcheurs siciliens, c’est sur les spaghettis.

Si tous ces mots n'ont ni queue ni grandes mains pour vous, tant mieux : vous aurez peut-être deviné que c'était là l'idée.

Vous en retiendrez bien ce que vous voudrez, n'est-ce pia ?